La difficulté d'un lieu soumis aux inondations, c'est qu'en dehors des périodes de submersion, le sol peut être sec. Les plantes de terrain humide ne sont donc pas adaptées et il faut se tourner vers une palette végétale différente...
À tout creux, sa flaque
L'inondation d'une partie du jardin peut avoir différentes causes. Souvent, il s'agit d'un cours d'eau qui déborde, comme un fossé qui se remplit et se répand aux alentours. Les aléas météorologiques font naître des inondations même sans cours d'eau. Par exemple, en cas de fortes précipitations, l'eau d'un orage aura tendance à s'accumuler dans les parties basses si rien ne leur permet de s'évacuer plus loin encore. Et lors des saisons particulièrement humides, la nappe phréatique peut affleurer et rendre un sol détrempé très en profondeur. Il faut des plantes particulièrement solides pour s'accommoder de ces conditions... fluctuantes, qu'on appelle "battement".
La première solution contre ce genre d'événements consistera à créer des massifs surélevés, tenus sur leur côté par des planches, des pierres ou tout autre matériau, afin d'améliorer le drainage. Mais cette solution ne vaut que pour quelques centimètres d'eau.
Saules et graminées
Les plantes les mieux adaptées aux inondations temporaires sont celles qui poussent autour des mares dont le niveau peut beaucoup varier en quelques semaines. Les saules et les peupliers, qui colonisent naturellement les abords de ces mares, y sont parfaitement adaptés. Les variétés décoratives, comme le saule-crevette, réussissent aussi bien dans ces conditions. À leur côté, on peut prendre de la graine de la présence des graminées comme les eulalies (Miscanthus), qui supportent parfaitement de passer d'un extrême à l'autre. Beaucoup de graminées, si ce n'est toutes, acceptent de passer jusqu'à 15 jours sous l'eau ou en sol saturé. Les laîches (Carex), les lins de Nouvelle-Zélande (Phormium) et les prêles comptent aussi dans leur rang des plantes parfaites pour ce genre de situation.
Les plantes à éviter
Aux endroits où le sol risque de devenir tant gorgé d'eau que les plantes vont se retrouver submergées, évitez les végétaux à feuilles épaisses ou à tissus tendres. La rhubarbe, les pivoines ou les hostas, par exemple, risque de pourrir au contact prolongé de l'eau. Et passé l'épisode de l'inondation, elles risquent de souffrir du retour de la chaleur et du sec.
D'autres plantes sont intolérantes à l'humidité stagnante pendant plus de quelques jours, en particulier les conifères (sauf le cyprès chauve). Les arbustes à feuillage persistant, à l'image des troènes et des chalefs (Eleagnus), n'aiment pas non plus cette situation, qui les fragilise rapidement. Enfin, il faut éviter les plantes particulièrement fragiles des racines à commencer par les rosiers, qui ne supportent pas d'avoir les racines en condition d'asphyxie.
Des astuces pour moins de soucis
Creusez des canaux de drainage, comme de petit fossé profond de 10 cm à la surface du sol, afin que l'eau se retire plus vite après l'épisode. Vous pourrez gagner une à deux journées, ce qui peut faire une grande différence pour de nombreuses plantes. Si ce relief vous gêne, remplissez ces lignes de drainage par des galets.
N'hésitez pas à rabattre les plantes qui se seraient retrouvées sous l'eau. Cela les forcera à émettre un nouveau feuillage, non souillé, et elles seront obligées de pomper de l'eau dans le sol, accélérant son assèchement.
Accélérer la fin de l'asphyxie des racines en creusant un trou profond (un diamètre de 30 cm suffit) et dans lequel l'eau en surplus du sol viendra s'accumuler, un peu à la façon d'un puits. Sur 2 m environ aux alentours, le sol ne sera plus saturé d'eau.